lunes, 2 de julio de 2018

République - Les journées de juin 1848

La révolte ouvrière, qui a établi des barricades, est réprimée dans le sang. Rue des Archives/Tallandier

Les fameuses journées barricadières de juin 1848 à Paris eurent une cause immédiate : l’annonce de la suppression des Ateliers nationaux, qui secouraient les sans-travail. Considérés comme trop coûteux, ils étaient aussi suspectés par le gouvernement de la République d’avoir été détournés en grève permanente par les ouvriers de la capitale qui ne désiraient pas rentrer dans les ateliers de leurs employeurs habituels dans un contexte de bas salaires. Une manifestation le 22 juin fut suivie de quatre journées de combat de rue, la moitié est de la ville et ses proches banlieues comptant près de 3 800 barricades. Le ministre de la Guerre de l’époque, le général Cavaignac, reçut les pleins pouvoirs de l’Assemblée avec pour mission de rétablir l’ordre. Le bilan des événements s’évalue à plusieurs milliers de tués, 15 000 arrestations donnant lieu à près de 4 000 condamnations à la transportation sur des pontons et quelques centaines de prisonniers transférés pendant plusieurs années en Algérie, un territoire servant autant à la colonisation qu’à la relégation.

Los famosos días de barricadas de junio de 1848 en París tuvieron una causa inmediata: el anuncio de la abolición de los Talleres Nacionales, que rescataron a los desempleados. Considerado demasiado caro, sino que también eran sospechosos por el gobierno de la República se han desviado de forma permanente huelga por los trabajadores de la ciudad que no desean regresar en los talleres de sus patrones regulares en un contexto de salarios bajos. Una manifestación el 22 de junio fue seguida por cuatro días de combates callejeros, la mitad este de la ciudad y sus suburbios cercanos con casi 3,800 barricadas. El Ministro de Guerra de la época, el general Cavaignac, recibió todos los poderes de la Asamblea con la misión de restablecer el orden. El registro de eventos se estima en varios miles de muertos, 15,000 arrestos que dan lugar a casi 4,000 condenas al transporte en pontones y unos cientos de prisioneros transferidos durante varios años a Argelia, un territorio que sirve tanto para la colonización como a la relegación.

https://www.humanite.fr/republique-les-journees-de-juin-1848-657201
RÉPUBLIQUE. LES JOURNÉES DE JUIN 1848
Vendredi, 22 Juin, 2018
Louis Hincker
Du 22 au 26 juin 1848, l’insurrection ouvrière dite les journées de juin signe la fracture de la IIe République sur la question sociale.

Le traumatisme fut profond – il sera durable ; le suffrage universel, la République n’avaient pu éviter la guerre civile. Les contemporains, dans leur grande majorité, n’ont vu dans les barricades de juin 1848 que l’expression d’une révolte de classes dangereuses et n’ont pas voulu reconnaître de légitimité au cri « Vive la République démocratique et sociale ! » proféré durant ces journées.

La prise d’armes populaire ne fut pourtant pas anarchique. Elle fut encadrée, dans la mesure du possible, dans les quartiers barricadés par la garde nationale, institution démocratisée depuis le renversement de la monarchie quelques mois plus tôt – c’est-à-dire ouverte à tous les citoyens, qui choisirent eux-mêmes en leur sein leurs officiers, comme eux appartenant à un même voisinage. Inversement, les membres de cette même garde issus des parties de la capitale restées du côté de l’ordre vinrent prêter main-forte à l’armée, qui vécut de son côté l’événement comme une grande revanche sur sa défaite de février 1848. Précisément, les hommes des barricades de juin entendaient réaffirmer les principes d’une République fidèle à l’esprit qui l’avait fait naître, le citoyen en armes étant son garant nécessaire.

Les quelque 12 000 dossiers individuels d’arrestation auxquels l’historien a aujourd’hui accès sont une archive unique pour connaître le peuple de Paris de l’époque. Ils révèlent avec une précision et une diversité étonnantes des manières d’être, des opinions, des idéaux aussi, mais passés au crible d’une répression qui s’abat sur eux. Des savoir-faire techniques (maniement du fusil, fabrication improvisée de poudre et de balles) mis au service d’une citoyenneté en armes où le courage et l’énergie combattante valent autant que l’opinion – au risque d’y perdre la vie – révèlent l’ancrage social profond d’un républicanisme populaire de quartier. Cette garde nationale n’avait-elle pas montré depuis quatre mois comment aspiration à la fraternité et souci de sécurité pouvaient de nouveau se rejoindre et s’incarner dans une institution refondée, à l’exemple de ce qu’elle avait été plus d’un demi-siècle plus tôt durant la Révolution française ? À l’échelle de l’individu, être armé, c’était incarner une part de souveraineté, en complément du bulletin de vote.

UNE LOGORRHÉE RÉACTIONNAIRE ET HAINEUSE SE DÉCHAÎNAIT
La répression des barricades de juin 1848 fut donc une reprise en main de la violence légitime par les autorités. Il fallait désarmer le citoyen, lui faire comprendre ses mauvais usages, faire naître en son for intérieur un sentiment de culpabilité. Pour les républicains de gouvernement, l’événement obligeait à une révision complète des codes de la participation politique : la prise d’armes n’avait plus lieu d’être, elle venait de perdre toute légitimité en se révélant menaçante pour les institutions démocratiques telles qu’on voulait bien les concevoir. La garde nationale fut épurée, réduite à un rôle sporadique – elle renaîtra de ses cendres temporairement en 1870-1871. En retour, la restauration du rôle de l’armée commandait de s’assurer de la solidité de son républicanisme dans un contexte de bonapartisme renaissant.

Pour un Michelet, l’histoire de juin 1848 ne pouvait s’écrire, l’événement monstrueux touchait à l’indicible – un désastre démocratique, véritable défi à toute représentation. Hugo, Baudelaire, Flaubert optèrent pour l’allégorisation du fratricide et du massacre. Marx saisit l’occasion pour affûter ses analyses sociologiques. Un Louis Ménard – moins connu – recueillit des témoignages. Une logorrhée réactionnaire et haineuse se déchaînait, vilipendant l’orgie révolutionnaire. D’autres barricades s’étaient élevées ailleurs en Europe, mais, pour tous, juin 1848 restait incomparable.

« je voulais la république démocratique et sociale »
Hubert Dubois, ouvrier en papier peint, répond lors de son interrogatoire : « – D : Avez-vous travaillé aux Ateliers nationaux ? – R : Oui, j’étais délégué. (…) Je voulais la République démocratique et sociale. Je trouvais les ouvriers malheureux, je désirais l’amélioration de leur sort, ce sont là les motifs qui m’ont déterminé à prendre part à l’insurrection. (…) – D : Y avait-il avec vous beaucoup d’officiers de la garde nationale ? – R : Il y en avait un très grand nombre. (…) – D : Regrettez-vous d’avoir pris part à l’insurrection ? – R : Je regrette d’y avoir pris part par la certitude que j’ai que la cause du peuple et de la République y a perdu, mais je ne puis me repentir de la conduite que j’ai tenue par le motif que j’agissais avec une entière bonne foi et que je croyais servir une bonne cause. »

Repères

19 et 20 juin 1848 L’Assemblée vote la dissolution des ateliers nationaux.

22 et 23 juin Premières manifestations ouvrières et début de la révolte populaire avec l’établissement des premières barricades.

26 juin Chute de la dernière barricade : 1 000 morts parmi les 70 000 hommes de Cavaignac ; 4 000 morts du côté des insurgés ; 25 000 prisonniers, dont 4 000 seront déportés en Algérie.

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