Var. Pourquoi l'arbitrage vidéo tue le football

Tribune. Sur la chaîne de télévision TMC, la journaliste Nathalie Iannetta déclarait le 23 juin : «C'est insupportable. La VAR [l'assistance vidéo à l'arbitrage, ndlr] est en train de tuer cette Coupe du monde ; ce n'est pas possible !» La grande fête du football féminin en France a été gâchée par un appel trop fréquent aux images, des décisions contestées, des scènes d'irritation voire de désespoir chez des joueuses, comme pendant la rencontre Cameroun-Angleterre. La VAR est un grave danger pour le football, elle le menace de mort. «L'image, c'est la vérité», «la technologie, c'est le progrès» sont les deux lieux communs qui ont présidé à sa mise en place dans le football mondial. A ces deux affirmations quasi orwelliennes il faut ajouter : «La télé, c'est le patron.» Le grand prêtre de cet avènement s'appelle Gianni Infantino, président de la Fifa. Il voulait à tout prix faire passer la VAR pour la Coupe du monde 2018. Après avoir décidé une batterie de prétendus tests, il les a de facto arrêtés en plein milieu, alors que les résultats étaient… mauvais ! Ces tests ne continuent que pour la forme, Infantino ayant fait en sorte que cet «arbitrage vidéo» entre dans les lois du jeu et soit adopté par l'instance International Football Association Board, Ifab (1). La messe était dite.

Libération

L'arbitre Ri Hyang-ok consultant la VAR lors du match Ecosse-Argentine, le 19 juin au Parc des princes, à Paris. Photo ZM. Panoramic

TRIBUNE

Pourquoi l'arbitrage vidéo tue le football

Par Jacques Blociszewski, chercheur indépendant sports et médias —7 juillet 2019 à 17:56
A ce niveau de sophistication technologique et de manie de vérification du moindre geste, est-ce encore du foot ?

Cependant, c'est alors que les fidèles avaient déjà quitté la nef que s'accumulèrent les problèmes. Ils étaient déjà prévisibles en 2017, et même depuis plus de vingt ans. Il suffisait de réfléchir un peu, de consulter les rares experts du sujet, d'écouter Michel Platini. Mais ces précautions n'ont pas effleuré le maître du foot mondial, tout occupé à son opération de communication, de soumission à la fois à la télévision (vivent les droits télé !), à sa pulsion de prestige personnel et… à la vox populi.Celle-ci est souvent favorable à ce qui est techno et soi-disant «moderne», même si non pertinent. Or la VAR est un sujet complexe, avec de vraies conséquences, pas un gadget. A la Coupe du monde masculine en Russie, la vidéo n'a pas provoqué de désastres, tant les arbitres ont été modérés et judicieux. Toutefois l'«expérience» - lors d'une… Coupe du monde ! - ne fut que passable, malgré les énormes moyens mobilisés : treize personnes pour arbitrer un seul match contre, jusqu'à présent chez les professionnels, quatre ou six arbitres avant la VAR, et une équipe de huit personnes avec la VAR, dont le «VAR principal» (Video Assistant Referee, qui visualise les images), selon les championnats et les coupes.

Le football à deux vitesses, maladroitement évoqué par Michel Platini et Sepp Blatter (ex-président de la Fifa), n'est pas un problème en soi, mais quand on passe à 5, 6 ou à 8 vitesses - tant les facteurs humains et techniques se démultiplient - l'identité même du football est fortement perturbée. A ce niveau de sophistication technologique et de manie de vérification du moindre geste, est-ce encore du foot ?

Fluidité du jeu, hiérarchie claire entre arbitres, spontanéité des émotions après un but, responsabilité assumée par l'arbitre central : tous ces éléments sont essentiels au football. Or, ils sont affectés par la VAR, voire détruits, alors qu'ils sont partie intégrante du charme mystérieux du foot, premier sport du monde et de loin. Gianni Infantino a-t-il mesuré le risque, pour lui-même et pour le pactole de la Fifa, de voir le football rétrogradé au rang de troisième ou quatrième sport du monde ? Il semble tout ignorer du jeu et ne s'intéresser qu'à ses enjeux financiers. Pourtant, la VAR est un désastre en championnat d'Allemagne (Bundesliga) ; on peut ainsi y lire, de la part de dirigeants, que désormais les arbitres «font pitié», voire - totalement déresponsabilisés - qu'ils sont «châtrés» ou «tenus en laisse» par la VAR ! Voilà le résultat outre-Rhin après deux ans de pratique. En Italie et en France, les polémiques sont innombrables. Parmi les effets pervers de ce système : la vérification systématique des fautes de main et une forme d'automatisme dans les prises de décision, comme s'il y avait obligation de sanctionner toute faute dénichée par la vidéo sans passer par l'interprétation de l'arbitre central. C'est ainsi que le Paris-Saint-Germain, même s'il ne méritait pas de se qualifier à l'issue de son match retour déplorable contre Manchester United en Ligue des champions, a été éliminé par la VAR, ou plutôt par une extension absurde de la faute de main, de laquelle l'intention du joueur disparaît. En Russie, le Croate Perisic a lui aussi touché la balle de la main, ce qui n'apparut que sur le ralenti. Mais où était l'intention ? Résultat : encore penalty… en finale d'un Mondial ! L'arbitre est devenu soumis à l'image et à l'influence de son assistant VAR. Il est tenté de se décharger d'un poids devenu trop lourd.

Les bilans de la VAR, présentés par la Fifa et la Fédération de football allemande (DFB), oscillent entre le ridicule et l'imposture. Le taux des décisions arbitrales correctes au Mondial s'élèverait à 99,3 % et en Allemagne, ce serait 99,25 %. Ici, on n'est plus dans le réel, mais dans la pure propagande. Comment avoir confiance dans cette machinerie ? Bienvenue chez Big Brother.

Il va falloir s'y faire, alors que l'arbitrage à six (et non à cinq : le quatrième arbitre existe !) que Platini avait commencé, sagement, à mettre en place, est condamné par l'adoption de la VAR. Il aurait pourtant été une excellente solution. Un sort incertain attend le football. Se transformera-t-il en une sorte de football américain bis, ligoté par les chaînes de télé, l'argent-roi et la pub ? Pourra-t-on encore aimer ce sport superbe ? Gianni Infantino et ses collaborateurs n'auront peut-être qu'un seul mort sur la conscience : le football. Mais cette mort-là affectera la vie de centaines de millions de gens follement amoureux de ce jeu.

(1) Le Conseil international du football, association qui détermine et fait évoluer les règles du jeu du football.

Jacques Blociszewski est l'auteur de : Arbitrage vidéo : comment la Fifa tue le foot, éditions de l'Ara, 2019.


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¿Por qué el árbitro de video mata al fútbol?

Por Jacques Blociszewski, investigador independiente de deportes y medios de comunicación: 7 de julio de 2019 a las 17:56
En este nivel de sofisticación tecnológica y manía que controla el gesto más leve, ¿sigue siendo el fútbol?

Tribune. En el canal de televisión TMC, la periodista Nathalie Iannetta declaró el 23 de junio: "Es insoportable. El VAR [Video Assistance to Arbitration, ed] está matando esta Copa del Mundo; ¡No es posible! ". La gran celebración del fútbol femenino en Francia se vio empañada por un llamado demasiado frecuente a las imágenes, decisiones disputadas, escenas de irritación o desesperación entre las jugadoras, como durante la reunión de Camerún-Inglaterra. . El VAR es un grave peligro para el fútbol, ​​amenaza la muerte. "La imagen es la verdad", "la tecnología es el progreso" son los dos lugares comunes que han presidido su implementación en el fútbol mundial. A estas dos afirmaciones casi orwellianas, debemos agregar: "La televisión es el jefe". El sumo sacerdote de este advenimiento se llama Gianni Infantino, presidente de la FIFA. Quería a toda costa pasar el VAR para la Copa Mundial 2018. Después de decidir una batería de las llamadas pruebas, las detuvo de facto en el medio, mientras que los resultados fueron ... ¡malos! Estas pruebas continúan solo para la forma, Infantino, quien realizó este "arbitraje de video", entró en las leyes del juego y fue adoptado por la Junta de la Asociación Internacional de Fútbol, ​​Ifab (1). Se dijo misa

Sin embargo, fue entonces cuando los fieles ya habían abandonado la nave que acumulaba problemas. Ya eran previsibles en 2017, e incluso durante más de veinte años. Bastaba pensar un poco, consultar a los pocos expertos del tema, escuchar a Michel Platini. Pero estas precauciones no han afectado al maestro del fútbol mundial, todos ocupados con su funcionamiento de la comunicación, la sumisión a la televisión (¡los derechos de televisión en vivo!), Su impulso de prestigio personal y ... al vox populi Esto es a menudo favorable a lo que es el techno y el llamado "moderno", aunque sea irrelevante. Pero el VAR es un tema complejo, con consecuencias reales, no un gadget. En la Copa Mundial Masculina en Rusia, el video no causó desastres, por lo que los árbitros fueron moderados y juiciosos. Sin embargo, la "experiencia" - en una ... Copa del Mundo! - solo era pasable, a pesar de los enormes recursos movilizados: trece personas para arbitrar un solo partido, lejos de los profesionales, cuatro o seis árbitros ante el VAR, y un equipo de ocho personas con el VAR, cuyo " Main VAR "(Árbitro asistente de video, que muestra las imágenes), de acuerdo con los campeonatos y copas.

El fútbol de dos velocidades, mencionado torpemente por Michel Platini y Sepp Blatter (ex presidente de la FIFA), no es un problema en sí mismo, pero cuando se pasa a 5, 6 u 8 velocidades, tanto la humana como la Las técnicas se multiplican: la propia identidad del fútbol se ve fuertemente perturbada. En este nivel de sofisticación tecnológica y manía que controla el gesto más leve, ¿sigue siendo el fútbol?

Fluidez del juego, clara jerarquía entre los árbitros, espontaneidad de las emociones después de un gol, responsabilidad asumida por el árbitro central: todos estos elementos son esenciales para el fútbol. Sin embargo, se ven afectados por el VAR, incluso destruido, mientras que son parte del encanto misterioso del fútbol, ​​el primer deporte del mundo con diferencia. ¿Ha medido Gianni Infantino el riesgo, para él y para la gloria de la FIFA, de ver que el fútbol desciende al tercer o cuarto deporte del mundo? Parece que no está al tanto del juego y solo está interesado en sus intereses financieros. Sin embargo, el VAR es un desastre en la liga alemana (Bundesliga); podemos leer, por parte de los líderes, que ahora los árbitros "lástima", o - totalmente desempoderados - están "castrados" o "sujetos con una correa" por el VAR! Este es el resultado en Alemania después de dos años de práctica. En Italia y Francia, las controversias son innumerables. Entre los efectos perversos de este sistema: la verificación sistemática de fallas manuales y una forma de automatismo en la toma de decisiones, como si existiera la obligación de sancionar cualquier falla descubierta por el video sin pasar por la interpretación de la árbitro central Así es como el Paris-Saint-Germain, incluso si no merecía clasificarse después de su triste partido contra el Manchester United en la Liga de Campeones, fue eliminado por el VAR, o más bien por un Extensión absurda de la falta de la mano, de la cual desaparece la intención del jugador. En Rusia, el croata Perisic también tocó el balón con su mano, que solo apareció en cámara lenta. Pero ¿dónde estaba la intención? Resultado: otra penalización ... en la final de una Copa del Mundo! El árbitro quedó sujeto a la imagen e influencia de su asistente VAR. Está tentado a descargar un peso que se ha vuelto demasiado pesado.

Los balances del VAR, presentados por la FIFA y la Federación Alemana de Fútbol (DFB), oscilan entre el ridículo y la impostura. La tasa de decisiones correctas de arbitraje en la Copa del Mundo sería del 99,3% y en Alemania sería del 99,25%. Aquí ya no estamos en la realidad, sino en pura propaganda. ¿Cómo confiar en esta maquinaria? Bienvenido a Gran Hermano.

Tendrá que hacerse, mientras que el arbitraje de seis (¡no cinco: el cuarto árbitro existe!) Platini había comenzado, sabiamente, a implementar, está condenado por la adopción del VAR. Habría sido una excelente solución. Un hechizo incierto aguarda al fútbol. ¿Se convertirá en una especie de fútbol americano bis, limitado por los canales de televisión, el dinero y la publicidad? ¿Podemos todavía amar este deporte magnífico? Gianni Infantino y sus colaboradores pueden tener una sola muerte en su conciencia: el fútbol. Pero esta muerte afectará las vidas de cientos de millones de personas enamoradas de este juego.

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